Biographie

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1930

Naissance le 11 septembre de Philippe Gérard à Chatou (France). Il est le dernier d'une famille de trois garçons

1939

Quitte la région parisienne avec sa famille pour habiter différentes villes de province : Rennes, Poitiers et Toulon à la fin de la guerre. Son père quitte le domicile familial. Philippe restera toujours proche de sa mère.

1947

Termine ses études secondaires à Toulon et entre à l'Ecole des Beaux-Arts de cette ville. Obtient le Prix de la ville de Toulon.
Découvre la peinture classique et Cézanne à Aix. S'intéresse également au cinéma et participe à la création du premier ciné-club de Toulon pour lequel il réalise plusieurs affiches. Il ne cessera par la suite de cultiver sa passion pour cet art, fréquentant assidûment les salles de cinéma et la Cinémathèque de Paris.

1949

Retour à Paris, où il suit des cours à l'Ecole des Beaux-Arts. Insatisfait par cette formation, il rompt avec l'enseignement et la figuration pour poursuivre sa quête de peinture à travers des livres et des expositions dans les Musées et les galeries. Il découvre ainsi la richesse et la diversité des tendances picturales du Paris d'après-guerre.
Il gagne difficilement sa vie avec notamment des petits boulots dans les théâtres, où il fera du même coup de nombreuses rencontres.
Lors de son service militaire, il rencontre un camarade avec lequel il entretiendra une correspondance suivie et à qui il confiera de nombreux souvenirs.

1953

Premier voyage en Allemagne. Il découvre au sud de Düsseldorf le château de Benrath et décide d'en prendre le nom. Il change par la même occasion de prénom. Celui qu'il se choisit fait écho à deux figures de la culture allemande dont l'oeuvre lui est particulièrement proche, le philosophe Friedrich Nietzsche et le peintre Gaspard D. Friedrich.
Il rencontre Julien Alvard, alors critique à la revue Art d'Aujourd'hui, dont il restera très proche jusqu'à sa mort en 1972. Alvard lui propose de préfacer une exposition à la Galerie de Beaune tenue par Suzanne de Conninck. Ce sera sa première exposition, organisée en 1954 sous le nom de Frédéric Benrath : elle réunit un ensemble de peintures où se mêlent l'influence de Claude Monet et une gestualité expressionniste. En plus de ses peintures, Benrath y présente son premier livre, Le Limon, accompagné de dix sérigraphies.

1954

Il rencontre Henri Michaux et réalise une sérigraphie pour l'affiche de son exposition à la Galerie Drouin. Il restera longtemps lié à Michaux.
Il rencontre le critique et collectionneur lyonnais René Deroudille.

1955

Voyage en auto-stop en Europe du Nord (Allemagne, Danemark, Suède et Norvège). Participe à deux expositions collectives organisées par Julien Alvard (Appel au non sens, à Lyon, et Les plus mauvais tableaux, à Paris).

1956

Il rencontre Stéphane Lupasco, dont Le principe d'antagonisme et la logique de l'énergie : prolégomènes à une science de la contradiction, publié en 1951, produira sur lui une grande impression et celui-ci préfacera son exposition à la Galerie Prismes (Paris).
Rencontre René Char.

1957

Mariage avec Suzanne Robine et naissance de leur fils Emmanuel. Habite à Paris, rue du Cherche Midi. Il s'installera par la suite rue Notre-Dames-des-Champs.

1958

Rencontre Denise et René Breteau, qui lui proposent de former un groupe avec Duque, Duvillier et Lerin, en vue d'une exposition intitulée Yann (1959). C'est à cette occasion qu'apparaît le terme "nuagisme", employé d'abord par un critique afin de tourner cette peinture en dérision. Ce terme sera repris pour caractériser ce groupe de peintres auquel quelques autres s'ajouteront par la suite.

1960

Participe activement à l'exposition "Antagonismes" organisée par Julien Alvard et François Mathey au Musée des Arts Décoratifs de Paris.
Rencontre à Lyon le metteur en scène et auteur dramatique Marcel Maréchal, pour qui il réalisera des décors de théâtre à Lyon et à Paris
Rencontre Gilbert Amy, compositeur et directeur du Conservatoire de Lyon.
Rencontre Gérald Gassiot-Talabot, qui lui consacrera en 1962 une étude dans la revue Cimaise.

1961

Travaille beaucoup, mais éprouve des malaises et des difficultés physiologiques qui influent sur sa peinture. Lit avec grand intérêt le livre que vient de publier le Docteur Olivier Loras, L'asthme : Angoisse du souffle, conception nouvelle et guérison psychothérapique, et en poursuit la problématique à travers son oeuvre.
Entre à la Galerie Karl Flinker. Celle-ci sera reprise en 1967 par Daniel Gervis , qui continuera à exposer les oeuvres de Benrath jusqu'au milieu des années 1980.

1963

Exposition "L'Espace du souffle" à la Galerie Karl Flinker en hommage à Henri Michaux. Nombre des tableaux portent des titres inspirés par Michaux ou empruntés à ses textes. Benrath contribuera aussi au numéro que la revue L'Herne consacre en 1966 à cet artiste-écrivain.
Obtient une bourse de la Fondation Ford (New York) pour un séjour d'un an à Berlin. Part en août et en profite pour voyager en Allemagne de l'est, en Autriche et en Tchécoslovaquie. Parmi les autres pensionnaires de la Fondation Ford se trouvent en particulier les écrivains Michel Butor et Witold Gombrowicz, et le compositeur Iannis Xenakis, avec lesquels il restera en contact (réalisant notamment plusieurs gravures pour des ouvrages avec Butor). Il fait également durant son séjour la connaissance de l'écrivain polonais Witold Gombrowicz avec lequel il aura de nombreux échanges.

1964

L'exposition "Le nuage crève" organisée par Julien Alvard, réunissant Nassar Assar, Baufort Delanay, Benrath, Compard, Duvillier, Graziani, Laubiès et Lerin, souligne la diversité, sinon l'éclatement du mouvement nuagiste.

1965

Rencontre en Suisse Maryse Haerdi. Celle-ci l'exposera à différentes reprises à partir de 1967 tout en cherchant à l'enrôler sous son concept de "cénesthésie", qu'il n'accepte pas.

1966

Rencontre Paul Gauzit et expose pour la première fois dans sa galerie Le Lutrin, à Lyon.
Participe dans les années 1960 à de nombreuses expositions internationales : Montréal, Pitsburg, New York, Cambera, Perth, Sidney, Melbourne, Londres, Berlin, Hanovre, Munich, Belgrade, Zagreb, Prague, Bucarest, Varsovie, Lausanne, etc...
Rencontre Geneviève Bonnefoi, qui l'invitera en 1967 à participer à l'exposition "Espaces lyriques", à Rennes, en compagnie de Claude Georges, Hantaï et Sonderborg. Geneviève Bonnefoi l'exposera plusieurs fois par la suite dans le Centre d'Art Contemporain qu'elle crée en 1970 à l'Abbaye de Beaulieu (Rouergue), en particulier en 1985 avec une rétrospective.

1969

Engagé comme chargé de cours à l'Ecole d'Architecture et d'Urbanisme de Versailles. Il crée avec Michel Moy et René Duvillier la pédagogie du département des arts plastiques de cette école et y enseignera jusqu'à sa retraite en 1995.

1970

Rencontre Jean-Noël Vuarnet, philosophe et écrivain né en 1944, qui l'incitera à relire Nietszche. Avec son aide, Benrath poursuit une réflexion sur sa peinture. Il sera ainsi progressivement amené à se reposer des questions sur les enjeux du nuagisme et sur sa propre évolution. Vuarnet sera désormais l'ami le plus proche de Benrath jusqu'à sa mort en 1996.

1972

Décès de Julien Alvard.

1973

Exposition "Le nuagisme même", organisée par Benrath au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Cette rétrospective réunit les principaux représentants de ce mouvement : lui-même, Duvillier, Graziani, Laubiès et Loubchansky. Elle marque la volonté de faire reconnaître ce mouvement, mais aussi celle de le dépasser.

1974

Exposition "L'Errance et le retour" au musée de Cherbourg, première rétrospective de l'oeuvre de Benrath.

1977

Exposition "Une sorte d'euphorie qui suspend l'image" à la Galerie Daniel Gervis. Cette exposition rencontrera un grand succès, aussi bien critique que commercial. Mais ce succès sera éphémère : la critique et le public se tournent alors vers d'autres courants, abandonnant progressivement tout intérêt pour la peinture en général et la peinture abstraite en particulier.

1979

Vit une période difficile qui voit son oeuvre picturale subir une crise et diminuer. Redécouvre la musique, en particulier la musique contemporaine. Devient un auditeur assidu de l'Ensemble Intercontemporain, créé en 1976 par Pierre Boulez qu'il avait rencontré dés les années 50 lors de la création du Domaine Musical. Il suivra régulièrement les concerts de cet Ensemble à l'Ircam, à la Cité de la musique ou ailleurs.

1981

Organise à l'invitation de Gérard Guillot-Chêne, conservateur du Musée d'Evreux, l'exposition "Le clair et l'obscur", réunissant à ses peintures celles de Baufort Delanay, Duvillier, Graziani, Laubiès et Saignes.

1983

S'installe dans un nouvel atelier, rue Domrémy, dans le XIIIe arrondissement à Paris.Ce lieu deviendra progressivement son véritable domicile. Il décide de vivre séparé de sa femme, mais il ne divorcera jamais. Tout au long de sa vie, il entretiendra des relations féminines, amoureuses aussi bien qu'amicales, qui revêtiront pour lui une très grande importance.
Rencontre Jean et Régine Lissarrague. Il réalise en 1984, pour les Editions Ecarts dirigées par Jean Lissarrague, une série d'eaux-fortes pour le livre Un fragment apocalyptique de Karoline von Günderode. C'est le début d'une étroite collaboration qui donnera naissance à plusieurs livres d'artiste.

1985

Rétrospective de son oeuvre au Centre d'Art contemporain de l'Abbaye de Beaulieu, organisée par Geneviève Bonnefoi.

1989

Exposition "25 pièces brèves/Pour Hölderlin", à la Galerie Bromhead à Paris, de peintures acryliques de petit format. L'accueil réservé à cette exposition l'amènera à poursuivre régulièrement la réalisation d'oeuvres de petit format dans cette technique.

1990

Exposition au Musée de l'Imprimerie à Lyon de son oeuvre gravée (estampes et livres), partie de son oeuvre à laquelle il attache une grande importance.

1991

Mort de Karl Flinker, qui l'avait exposé dans les années 1960 dans sa galerie et avec qui il avait conservé des relations d'amitié. Ce décès marque symboliquement la disparition d'une époque et de ses promesses. Les années qui suivent seront marquées par une profonde dépression, suscitée à la fois par la difficulté de faire reconnaître son oeuvre (comme en témoigne en particulier l'échec de son exposition à la Galerie Philip, en 1995 à Paris) et par des soucis personnels. Il entreprend une recherche sur son père ainsi qu'une psychanalyse. Il peut compter sur un groupe d'amis fidèles auxquels il restera très attaché jusqu'à la fin de ses jours.

1993

Parution de Deus sive Natura - Frédéric Benrath, de Jean Noël Vuarnet aux Editions de l'Amateur. Cette première monographie sur l'oeuvre de Benrath lui a demandé un travail considérable. Elle lui permet de commencer à sortir de la phase de dépression dans laquelle il se trouve depuis plusieurs années. Elle l'incite aussi à affirmer clairement que le nuagisme, tant dans sa dimension historique qu'esthétique, n'est plus d'actualité pour lui.

1994

Chevalier des Arts et des Lettres.

1995

Départ à la retraite de l'Ecole d'Architecture de Versailles. Les 28 années qu'il a passé dans cet établissement lui ont donné l'occasion de cotoyer de nombreux architectes, de rédiger des cours et conférences sur l'art et sur certains artistes qui lui tenaient à coeur (Rembrandt, Cézanne, Monet, Rothko, etc...). Il a organisé plusieurs voyages d'étude pour ses élèves, notamment en Italie, à Venise et à Naples.
Titulaire des Palmes académiques.

1996

Disparition dramatique de son ami Jean-Noël Vuarnet.

2000

Expositions au Musée Hébert à Grenoble, à la Galerie Etats d'Art à Paris et à la Galerie Simon Blais à Montréal. Ce groupe d'expositions témoigne en particulier de l'évolution de son oeuvre vers une peinture de plus en plus dépouillée et maîtrisée. Benrath a l'occasion de s'exprimer sur cette évolution au cours de nombreux entretiens, notamment avec l'écrivain et critique d'art Maurice Benhamou qu'il avait rencontré en 1986. Certains d'entre eux ont été publiés dans les catalogues accompagnant ces expositions.

2002

Loue un atelier à Ivry, ce qui lui permet de désencombrer l'atelier lui servant de domicile.

2003

Importante rétrospective au Centre d'Art contemporain de l'Abbaye de Trizay (Charente-Maritime).
Rencontre avec le critique d'art Pierre Wat.

2005

Voyage à Pérouse en compagnie de son fils Emmanuel Gérard, photographe. Il s'intéresse longuement à l'oeuvre du Pérugin, et en particulier à la qualité de son chromatisme dans la perspective d'une exposition au Musée de Lyon.

2007

Est renversé par un scooter en février. Décède le 17 avril après un coma de plus de deux mois.